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Introduction à la bioluminescence
 

 Par définition, la bioluminescence ou " lumière du vivant " est l'émission de lumière visible par certaines espèces animales : on observe en effet ce phénomène chez certains insectes comme le ver luisant ou " luciole ", pour le plus connu, mais également chez certains mollusques comme la pholade, certains céphalopodes, et certains poissons, en particulier les poissons téléostéens ou " poissons osseux ", caractérisés par leur squelette complètement ossifié. Certains algues et champignons (par exemple le clitocybe lumineux) peuvent également produire de la lumière par le même phénomène. Mais les espèces bioluminescentes appartiennent, pour la plupart, au monde des bactéries. De plus, la luminescence est majoritairement représentée en milieu marin où, en profondeur, elle devient commune puisque 95% des individus récoltés à -4000 m sont lumineux.

En effet, dans un milieu sombre, froid et profond, la survie des organismes marins est très difficile. C'est pourquoi la nature les a dotée de moyens spécifiques pour favoriser leur mode de vie, en terme d'alimentation et de protection contre les multiples prédateurs présents en ces lieux : écailles plus résistantes, dents tranchantes démesurées, mâchoires surdéveloppées, yeux adaptés à l'obscurité… La bioluminescence en fait également partie.

La lumière émise par bioluminescence se fait sans dégagement de chaleur. C'est une lumière dite "froide". En effet, la quasi-totalité de l'énergie dégagée lors de cette réaction chimique, car nous le verrons par la suite, ç'en est une, est traduite en lumière, et non en chaleur. C'est là une des propriétés de ce phénomène biochimique complexe. Une forme de chimiluminescence dont les mécanismes ont commencé à être assimilés dès la fin du 19ème siècle, par un physiologiste français, Raphaël Dubois, originaire de Lyon, qui prouva que la bioluminescence pouvait être obtenue dans un tube à essai.

S'étant fait envoyer des vers luisants de la Jamaïque, il préleva leur lanterne (l'organe lumineux) et, après broyage dans un mortier avec de l'eau observa que le mélange extrait était lumineux à condition que le milieu contienne de l'oxygène.
La luminescence ainsi obtenue avait une belle couleur verte " fluo ", et elle se maintenait deux minutes. Lorsqu'il recommença la même expérience en essayant d'extraire les produits luminescents par l'eau bouillante, la bioluminescence n'apparut pas, comme si l'eau bouillante avait détruit les substances responsables.
Mais il eut la bonne idée de mélanger de l'extrait fait avec l'eau bouillante avec de l'extrait fait à froid mais dont la luminescence était épuisée, il constata alors que la luminescence réapparaissait. Connaissant la sensibilité des enzymes à la chaleur, il en déduisit que la réaction de bioluminescence était due à une enzyme agissant sur un substrat, en présence d'oxygène. Nous développerons cela par la suite.

A noter également que cette étonnante propriété biologique avait intrigué dès l'Antiquité des auteurs tels que Aristote ou encore Pline l'Ancien, dont certains écrits relatent le phénomène. En effet, dès 350 avant Jésus-Christ, le philosophe grec Aristote, par exemple, observe que l'eau brille la nuit lorsqu'il agite un bâton dans la mer. Il l'expliquera dans certains de ces textes.

A nous d'expliquer aujourd'hui le travail des anciens et de déterminer avec précision le pourquoi et le comment de ces émissions lumineuses qui restent encore aujourd'hui quelques peu énigmatiques.